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MIRABEAU.

par les meilleurs partis de la Provence, bien qu’elle fût d’une famille où la séparation de corps semblait être, de père en fils, le dénouement naturel du mariage.

C’était la fille du riche marquis de Marignane, qui devait lui laisser un jour plus de 500 000 livres. Elle avait alors dix-huit ans.

Quoique Mlle de Marignane fût déjà promise à un autre, Mirabeau se mit en campagne, parlant, écrivant, prodiguant les caresses et les flatteries, séduisant, pour les gagner à sa cause, « toutes les femelles ascendantes, descendantes et à niveau » qui entouraient la jeune fille. Il osa plus encore ; c’est lui qui le dit : « Mlle de Marignane était essentiellement compromise. Je résolus d’en finir. »

Une nuit, en effet, « il en finit », dit-on, par un coup d’audace qui simplifiait les accords. Le 23 juin 1772, le mariage fut célébré à Aix en grande pompe. Mirabeau avait vingt-trois ans. Cette union, qui aurait dû mettre un terme aux désordres de sa jeunesse, fut pour lui le commencement des grandes folies et des grands malheurs.