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MIRABEAU.

donnés. La monarchie est le despotisme d’un seul. L’oligarchie féodale « est le despotisme réparti sur plusieurs têtes ». Quant aux républiques, « ces sortes de confédérations sont, peut-être, les plus despotiques de toutes ».

Cela dit en thèse et pour l’honneur des principes, l’écrivain se rassemble, se ramasse, et se jette tout entier sur l’ennemi qui est le plus à sa portée, qui le presse et le gêne de plus près, c’est-à-dire sur « le despotisme d’un seul », la monarchie absolue ; pour tout dire : la royauté de son pays et de son temps.

Arrivé là, le philosophe fait place au politique, l’écrivain à l’orateur. La thèse devient une harangue et un pamphlet. Pamphlet véhément, où déborde, entraînant pêle-mêle des flots de lieux communs et de paradoxes, une verve puissante, pleine d’audace et de bon sens. Harangue incohérente et confuse, où, à travers la déclamation, perce déjà l’éloquence.

« Le despotisme est une manière d’être effrayante et convulsive ;… un État despotique devient une sorte de ménagerie dont le chef est une bête féroce. »

Puis l’allusion cesse ; la pensée se précise, le trait va droit au but : « Le roi est un salarié, et celui qui paie a droit de renvoyer celui qui est payé. Si d’autres Français l’ont pensé avant moi, je suis peut-être le premier qui ait osé l’écrire. »

S’il rencontre sur sa route Richelieu, il ne s’arrête pas pour si peu ; et reprenant, avec d’autres visées,