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MIRABEAU.

homme a, sur « l’honneur «, des idées un peu confuses ; et sa rixe avec le vieux comte de Villeneuve, sur laquelle il se complaît à revenir, lui paraît un exploit où les règles de la chevalerie n’ont rien à reprendre.

Quant à la « vertu », il l’entend à sa manière, qui n’est pas celle de tout le monde. Il est marié ; Sophie l’est aussi. Presque à chaque page, il met sous nos yeux la peinture ardente de leur amour, les détails les plus secrets de leur bonheur. Puis, tout à coup, il s’arrête : « Ô ma Sophie, toi la plus chaste des amantes, toi la plus vertueuse des femmes, je suis plus amoureux de tes vertus que de tes charmes…. »

Morale déclamatoire et vide, matérialisme philosophique, négations religieuses, il n’y avait rien là, d’ailleurs, qui fût très original ni bien nouveau. C’est toujours Jean-Jacques qu’il faut chercher au fond de ces esprits troublés et de ces âmes malades : « Charme inexprimable de la vertu, écrit Saint-Preux à Julie ! force invincible de la voix qu’on aime ! bonheur ! plaisir ! transports ! que vos traits sont poignants ! Eh ! si j’adore les charmes de ta personne, n’est-ce pas surtout par l’empreinte de cette âme sans tache qui l’anime ? »

Quant à l’incrédulité de l’amant de Sophie, c’est une sorte d’indifférence verbeuse qui flotte entre le déisme champêtre du Vicaire savoyard et l’athéisme tranchant de M. de Wolmar : « Il vit que tout consistait en vaines simagrées,… et rejetant à la fois