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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/99

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MIRABEAU.

réponse. Enfin, sommée judiciairement de revenir à la vie commune, la comtesse de Mirabeau prit un parti décisif : elle s’adressa à la Justice et demanda sa séparation. Elle avait pour conseil Portalis, un des avocats les plus renommés du barreau d’Aix.

Le procès commença par une escarmouche dont Mirabeau sortit vainqueur. Il avait plaidé sa cause lui-même, avec un succès éclatant. C’était la première fois qu’il parlait en public et qu’il voyait la foule face à face. Portalis paraît avoir joué, dans ces premières audiences, un rôle assez effacé. « Il n’a fait que balbutier », écrit le Bailli fasciné par l’éloquence de son neveu.

Mais, bientôt, l’appel de la comtesse fit revenir devant le Parlement le procès tout entier. La lutte fut acharnée. Cette fois, il ne paraît pas que Portalis ait « balbutié », ni surtout qu’il ait manqué d’adresse.

Il avait contre son adversaire des armes terribles. C’étaient les souvenirs récents de tant de scandales légendaires : le procès de Grasse, dans lequel Mirabeau était inculpé d’une tentative d’assassinat ; le procès de Pontarlier pour « rapt et séduction», dans lequel on avait commencé par l’exécuter en effigie, et qu’une transaction boiteuse venait d’éteindre ; la clameur des ennemis puissants qu’il semblait avoir ameutés comme à plaisir sur sa route ; le témoignage de ses parents eux-mêmes, qui, tour à tour, l’avaient jugé sans pitié ; enfin vingt lettres de l’Ami des hommes où, entre autres aménités, il traitait « ce