Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/393

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Et, pour la garantir, perdons ce qui peut nuire
A notre vanité.

Inventons un venin dont la vapeur infâme,
En soulevant l’esprit, pénètre jusqu’à l’âme ;
Et sous son nom connu répandons ce poisoin:
N’épargnons contre lui mensonge ni parjure ;
Chez le peuple troublé, la fureur et l’injure
Tiendront lieu de raison.

Imposteurs effrontés, c’est par cette souplesse
Que j’arrvu^tanVde fois votre scélératesse
Jusque chez mes amis me chercher des censeurs ;
Et, des yeux les plus purs bravant le témoignage.
Défigurer mes traits, et souiller mon visage
De vos propres noirceurs.

Toutefois, au milieu de l’horrible tempête
Dont, malgré ma candeur, pour écraser ma tête,
L’autorité séduite arma leurs passions,
La chaste vérité prit en main ma défense,
Et fit luire en tout temps sur ma foible innocence
L’éclat de ses rayons.

Aussi, marchant toujours sur mes antiques traces,
Combien n’ai-je pas vu dans mes longues disgrâces
D’illustres amitiés consoler mes ennuis,

[1]

  1. Le comte du Luc, le prince Eugène, le duc d’Aremberg, etc. ; et parmi les gens de lettres, L. Racine, Rollin, les PP. Brumoy, et de Tournemine; Lefranc de Pompignan, etc.