Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome IV, 1820.djvu/164

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FRANCISQUE

Non vraiment. Comme je passais par une petite rue fort étroite, je trouve un cheval, qui était justement en travers du chemin. Je me mis en devoir de passer par derrière. On me cria prenez garde, il vous donnera un coup de pied. Je voulus aller par devant. On me dit n'avancez pas, il vous mordra. Si bien donc que, de peur d'être mordu ou estropié, il fallait nécessairement que je passasse par-dessus. Effectivement, je mis le pied dans un des étriers et je passai une jambe. Dans ce temps-là ce diable de cheval prend le mors aux dents, et m'emporte à vingt-cinq lieues de Là. Voyez, je vous prie si cela s'appelle voler un cheval ?

OCTAVE

Il a raison ce n'est pas lui qui emmena le cheval, c'est le cheval qui l'emmena.

HORACE

Voilà un compère qui a de l'esprit, et qui pourrait bien, s'il voulait, nous tirer de l'inquiétude où nous sommes.

OCTAVE

Or ça, mon pauvre Francisque, te sens-tu toujours ces nobles dispositions que je t'ai vues autrefois, ce génie heureux pour la fourberie, cette généreuse tendresse pour l'argent, ce vertueux mépris des coups de bâton et des étrivières ?