Aller au contenu

Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XII lNTKODljCTIO^ GÉNÉRALE.

son attachement pour Jean-Jacques, afin de prévenir Farrât injuste qui condamnait au bûcher le livre de son ami. Tous ses efforts furent inutiles, et cet arrêt, dont il ne prévoyait que trop les funestes conséquences, ne tarda pas à être prononcé. Les partisans de Rousseau , accablés par le découragement, se bornent alors à lui témoigner la douleur que leur cause Tévénement qui vient de se passer : on voit, par les réponses que Rous- seau adresse à quelques-uns de ses concitoyens, com- bien la part qu’ils prenaient à ses malheurs devait être grande, et combien lui-même était touché de la sym* pathie qu’on lui témoignait ; dès lors les rôles semblent être intervertis, et c’est le philosophe qui prend à son tour celui de consolateur.

Une anecdote relative à cette époque , et que j’ai souvent entendu raconter par un membre de ma fa- mille, me parait digne d’être conservée : le soir même du jour où VEmile était brûlé par la main du bourreau, madame Moultou se rendait dans une nom- breuse assemblée ; son mari, déjà souflrant précédem- ment, et, de plus, accablé par Tévénement de la journée, n’avait pas eu le courage de l’y accompagner. Un des premiers magistrats de la ville, dont les principes étaient opposés à ceux de Moullou, la voyant entrer sans ce dernier, s’approche d’elle 3t lui demande la raison qui l’amène toute seule.

c< Mon mari, répond-elle, est indisposé.

— hn fumée de VEmile lui aura sans doute saisi la gorge ?