Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/247

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PRÉFACE


Je vais dire la vérité, et je la dirai du ton qui lui convient. Lecteurs pusillanimes, que sa simplicité dégoûte et que sa franchise révolte, fermez mon livre, ce n’est point pour vous qu’il est écrit. Lecteurs satiriques, qui n’aimez de la vérité que ce qui peut nourrir la malignité de votre âme, fermez et jetez mon livre, vous n’y trouveriez point ce que vous cherchez et vous ne tarderiez pas d’y voir toute l’horreur que l’auteur a pour vous.

Si cet écrit tombe entre les mains d’un honnête homme qui chérisse la vertu, qui aime ses frères, qui plaigne leurs erreurs et déteste leurs vices, qui sache s’attendrir quelquefois sur les maux de l’humanité et surtout qui travaille à se rendre meilleur, il peut le lire en toute sûreté. Mon cœur va parler au sien.

J’aime à me flatter qu’un jour quelque homme d’État sera citoyen, qu’il ne changera point les choses uniquement pour faire autrement que son prédécesseur, mais pour