Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/379

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Toutes les fois qu’il est question d’un véritable acte de souveraineté, qui n’est que la déclaration de la volonté générale, le peuple ne peut avoir des représentants, parce qu’il lui est impossible de s’assurer qu’ils ne substitueront point leurs volontés aux siennes, et qu’ils ne forceront point les particuliers d’obéir en son nom à des ordres qu’il n’a ni donné ni voulu donner, — crime de lèse-majesté dont peu de gouvernements sont exempts.


…Vous m’avez soumis par force, et, tant que vous avez été le plus fort, je vous ai obéi. Maintenant la raison qui m’assujettissait à vous ayant cessé, mon assujettissement cesse, et vous ne sauriez dire pourquoi je vous obéissais, sans dire en même temps pourquoi je ne vous obéis plus.


La vengeance, dit Platon, est également nuisible à l’offenseur et à l’offensé ; à l’un, parce qu’il est l’esclave de sa passion ; à l’autre, parce qu’il en est la victime.


N’est-il pas fort étrange que ces gens efféminés qui n’épargnent rien pour quelques commodités imaginaires, et qui dépensent quelquefois beaucoup d’argent pour se délivrer d’un bruyant voisinage, craignent d’employer quelques deniers à se délivrer de l’éternelle importunité d’un gueux. Il y a tant d’antipathie entre le riche et le pauvre, que le premier aime encore mieux être incommodé lui-même que de contribuer au soulagement de l’autre.


Ne cherchons point de vrais plaisirs sur la terre, car ils