Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/422

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596 LETTRES INÉDITES.

toyen de fienève ! quel profit, quel honneur m’en revient il ? quelle sûreté, quelle liberté puis-je attendre dans un pays où les chefs, animés contre moi d*une haine personnelle, ne chercheront ank me tracasser ? Ne trouverai-je pas par- tout le même asue au même prix ? Permettez-moi de vous dire que mon nom, malheureusement trop connu, me servira de droit de bourgeoisie partout où j’habiterai. Je trouverai partout autant d’amis et plus de considération qu’à Genève, et je ne trouverai nulle part tant d’ennemis ni de si dangereux. Ai-je quelque tort dans cette affaire ? de quoi voulez- vous donc que je me tourmente ? Vos maximes sont toutes contre vous, car je me soumets de bonne grâce aux coups de la nécessité, et c’est vous qui voulez que je re- gimbe. J. J. Rousseau était libre à Paris, à Montmorency ; il l’est à Moliers, il le sera partout, hors à Genève, et il n’est point d’humeur à aller augmenter le nombre des su- jets du poète Voltaire, et, qui pis est, du jongleur Tronchin. Le papier me manque ; adieu, je vous embrasse.

XVII

À M. BITAUBÉ,

MINISTRE DU SAniT ÉVANGILE, À BEAUX.

À Moliers, le 3 mars 1763.

Je reçois à l’instant, monsieur, avec la lettre dont vous m’avez honoré le 29 janvier, la brochure que vous y avez joiiîte en réfutation de la profession de foi du vicaire sa- voyard. Vous exigez que je lise cet écrit, et je suis très- disposé à vous complaire ; mais j’ai actuellement vingt-trois