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LETTRES INÉDITES. 405

XXI

À MONSEIGNEUR LE DUC DE WIRTEMCERG.

À Motiers, le tl janvier 1764.

Je m’attendais bien, monsieur le duc, que la manière dont vous élevez votre enfant ne passerait pas sans critique et sans opposition, et je vous avoue que je sais quelque gré au révérend docteur de celle qu’il vous a faite ; car ses objections étaient plus propres à vous réjouir qu’à vous ébranler, et moi j’ai profité de la gaieté qu’elles vous ont donnée. On ne peut rien voir de plus plaisant que l’exposé de ses raisons, et je crois qu’il serait difficile qu’il en fût plus content que moi ; je crains pourtant qu’il ne les trouve pas tout à fait péremptoires, car, s’il a pour lui les chenilles, les escargots et les chardonnerets, en revanche il a contre lui les vers, Ids limaçons et les grenouilles, et cela doit l’intriguer furieusement.

Je ne suis pas fort surpris non plus des petits désagré- ments qui peuvent rejaillir à cette occasion sur M. Tissot* ; je crains même que l’accord de nos principes sur ce point ajoute au chagrin qu’on lui témoigne : l’influence d’un certain voisinage nourrit dans le canton de Berne une fu- rieuse animosité contre moi, que les traitements qu’on m’y a faits aigrit encore. On oublie quelquefois les offenses qu’on a reçues, mais jamais celles qu’on a faites, et ces messieurs ne me pardonnent point le ton qu’ils ont avec

« Médecin de Lausanne, ville qu’habitait alors le duc. {Note de f Éditeur.)