Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/441

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LETTRES IINÉDÏTES. 415

VOUS êtes chargé. Cette lettre a certainement été ouverte et refermée très-maladroitement. Vous croyez bien que, pub- que je vous écris, je ne vous soupçonne pas d’une infamie ; mais une autre fois, lorsque vous m’enverrez quelques lettres, prenez la peine de les porter vous-même à la poste ou de les remettre à Duchesne. Vous pourrez aussi lui remettre les estampes dont M. Watelet me marque qu’il veut bien me faire le cadeau. S’il y en a dans le nombre qui vous conviennent, faites-moi le plaisir de les prendre et de me le marquer. J*aurai autant de plaisir, pour le moins, • de les savoir dans votre portefeuille que dans le mien. Je pense que s’il y en a de grandes dans celles que vous m’enverrez, il faut les rouler autour d’un rouleau. Dans un si long trajet les estampes se gâtent, à moins qu’elles ne soient très-soigneusement empaquetées. Le cadre de l’amitié m’est parvenu tout limé et dédoré. Je pense que je m’en vais devenir avec M. d’Azincourt comme ces men- diants de Turcs, qui, quand on leur a fait une fois l’aumône, prétendent en faire un tribut perpétuel. Vous souvient-il de cette jolie fille dont l’oiseau caresse le petit bec avec le sien ? Vous m’en avez apporté deux épreuves, dont je donnai l’une à M. de Luxembourg, et dont j’ai livré l’autre encadrée à M. de Laroche. Je raffole si bien de cette char- mante estampe, que je pensais de demander encore deux bonnes épreuves. Je le ferai. L’une mise soigneusement dans mon portefeuille avec les favorisées, et je ferai e.nca- drer l’autre avec toute l’élégance et le goût possible, pour tâcher de rendre la maison digne de l’hôtesse. Que ceci, je vous prie, rçste entre nous, à moins que vous ne soyez bien sûr que l’imporlunité ne serait pas indiscrète.

Si vous n’avez pas encore les Lettres écrites de la Mon-