Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/470

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444 LETTRES INÉDITES.

ce pays, el jusqu’au pauvre Colin de M. Manoury, qui com- mençait à partager mes aflections avec Sultan, À moins qu’il ne pleuve à verse, je tâcherai donc d’aller à Gisors ; j’y porterai cette letttre à la poste, destinée surtout à vous remercier des soins que vous avez bien voulu prendre du fidèle Achate que Virgile a mis parmi les hommes, ce qui se trouve bien plus aisément parmi les chiens.

J’attends aussi par le même coche les commissions que vous m’annoncez, dont j’ai encore à vous remercier. Enfin, j’attends de vos nouvelles, et d’apprendre comment s’est passée l’audience que vous avez dû avoir de M. le prince de Conti. Les soins obligeants de M. Manoury et de sa fa- mille se soutiennent à merveille et vont même un peu jus- qu’à l’excès. Mais il y a ici d’autres gens, qui ne se soucient pas trop d’y voir un hôte, et qui feront de leur mieux en secret pour m’en déloger. Tel est le destin des grands, que les plus dangereux ennemis des gens qu’ils aiment sont toujours dans leur propre maison. J’ai bien peur que mes peines ne soient finies. Il faut prendre patience et se pré- parer à tout.

J’ai eu pendant deux ou trois jours une vive douleur au poignet, qui m’empêchait d’écrire et que j’ai prise pour la goutte ; mais, comme elle est à sa fin, je suppose que ce n’était qu’un effort. N’oubliez pas, quand vous m’écrirez, de me donner des nouvelles de M. du Peyron, s’il ne m’écrit pas lui-même, et de celles de madame de Verdelin et de made- moiselle sa fille.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Renou *.

  • On sait que c’est le nom supposé sous lequel Jean-Jacques vîTait au

château de Trye. (Note de V Éditeur.)