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480 LtTTRES INÉDITES.

LXX

À MONSIEUR ***

Sans date.

J’ai vu, monsieur, avec plaisir monsieur votre fils ; il m’a paru un jeune homme bien ne et fait pour intéresser les honnêtes gens. Il m’est venu, à son sujet, une idée que je veux vous communiquer. Je crois voir un moyen juste, honnête, facile et sûr, de contribuer à sa fortune, de lui faire en même temps acquérir et mériter l’estime du public . Mais ce moyen, très-simple en lui-même, a besoin pour y parvenir de préliminaires qui ont un peu plus d’em- barras. Rien ne se fait entre les hommes sans l’estime ré- ciproque, et toute la bonne foi nécessaire dans les affaires ne peut s’en passer. J’aurais tort cependant d’attendre de vous seul plus de franchise que n’en ont avec moi tous les autres honnêtes gens de ce siècle. Ainsi, tandis que je vous ouvrirai mon cœur, je dois m’attendre que le vôtre me restera fermé. Cependant, comme il n’est pas imposisible que ce que j’ai à vous dire ne vous fasse ouvrir les yeux, j’en veux bien faire la tentative. Je parlerai, et vous m’écou- terez : cette position est bizarre, mais elle ne m’effraie point. Ma confiance est fondée sur une base que rien ne saurait ébranler.

Mais ces explications ne sont pas l’affaire d’un moment, et, pour qu’elles ne fussent pas troublées, il faudrait qu’elles ne fussent pas connues, du moins jusqu’à ce que j’aie eu le