Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/78

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surplus, ce n’est point par vanité que je l’ai fait. J’aime ma patrie, je voudrais lui être utile, et inspirer à tous le même désir. Si cet écrit ne peut pas servir à fixer la constitution, il sera du moins une preuve de mon zèle pour sa prospérité, un tribut que tout bon citoyen lui doit. Ce mémoire a été lu en pleine consulte, l’année qu’il fut écrit ; on en parut assez content, et plusieurs établissements y furent puisés ; mais l’entière admission demanderait un long travail pour le mettre en pratique. Voyez, monsieur, ce que l’on peut faire ; corrigez, augmentez, diminuez, je vous le livre. Tâchez d’en tirer parti.

Je me réserve de vous confier un autre petit ouvrage sur la révolution de la Corse. Je ne lis pas beaucoup, mais je fais des extraits du peu de lecture que je prends, quand la matière a de la connexité avec ce pays-ci. Cet écrit est puisé dans nos divers livres ; dans J. J. Rousseau, Algernon, Sidney, Montesquieu et Gordon. Je n’ai point la vanité de me parer des plumes du paon mal à propos, et je crois, au contraire, qu’il y a plus de gloire à dire ingénument le vrai, que de chercher avec finesse à paraître ce qu’on n’est absolument pas. Il suffit d’être honnête homme de son cru et sans ostentation ; du reste, il faut rendre à César ce qui est à César, et jouir de ce qui nous appartient.

Comme j’ai vu inséré dans les gazettes que vous n’écriviez ni ne receviez plus de lettres par la poste, j’envoie celle-ci à MM. Boy de la Tour et Cie, à Lyon. Faites-moi l’amitié de me donner de vos nouvelles, et soyez très-assuré de l’attachement inviolable avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.