Page:Rousseau - Anecdotes pour servir à la vie, 1779.djvu/8

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répondre à l’objection que fa pauvreté étoit vo- lontaire. Il paroît au furplus, qu’il avoit enfin. trouvé ce qui pouvoit lui convenir, lorfque la mort eft venu le frapper.


Opinion de Jean-Jacques Rouſſeau ſur la Tragédie Grecque.

Quant au rythme, en quoi conſiſte la plus grande force de la muſique, il demande un grand art pour être heureuſement traité dans la vocale, J’ai dit, & je le crois, que les tragédies grecques étoient de vrais opéras. La langue grecque, vraiment harmonieuſe & muſicale, avoit par elle-même un accent mélodieux ; il ne falloit qu’y joindre le rythme, pour rendre la déclamation muſicale : ainſi non feulement les tragédies, mais toutes les poéſies, étoient néceſſairement chantées. Les poetes diſoient avec raiſon, je chante, au commencement de leurs poëmes, formule que les nôtres ont très-ridiculement conſervée : mais nos langues modernes, production des peuples barbares, n’étant point naturellement muſicales, pas même l’italienne, il faut, quand on veut leur appliquer la muſique, prendre de grandes précautions pour rendre cette union ſupportable, &