Page:Rousseau - Beaux-arts, 1824.djvu/112

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rigueur, le même mi qui doit faire la quinte du la  ; la différence est petite, à la vérité, mais enfin elle existe, et pour la faire évanouir il a fallu tempérer un peu cette quinte : par ce moyen on n’a employé que le même son pour ces deux usages : mais delà vient aussi que le ton du re au mi n’est pas de la même espèce que celui de l’ut au re, et ainsi des autres.

On pourrait donc me reprocher que j’anéantis ces différences par mes nouveaux signes, et que, par la même, je détruis cette variété d’expression si avantageuse dans la musique. J’ai bien des choses à répondre à tout cela.

En premier lieu  ; le tempérament est un vrai défaut ; c’est une altération que l’art a causée à l’harmonie faute d’avoir pu mieux faire. Les harmoniques d’une corde ne nous donnent point de quinte tempérée, et la mécanique du tempérament introduit dans la modulation des tons si durs, par exemple, le re et le sol dièses, qu’ils ne sont pas supportables à l’oreille. Ce ne serait donc pas une faute que d’éviter ce défaut, et surtout dans les caractères de la musique, qui, ne participant pas au vice de l’instrument devraient, du moins par leur signification, conserver toute la pureté de l’harmonie.

De plus  ; les altérations causées par les différents tons ne sont point pratiquées par les voix  ; l’on n’entonne point, par exemple, l’intervalle 45 autrement que l’on entonnerait celui-ci 56, quoique cet intervalle ne soit pas tout-à-fait le même, et l’on