Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/24

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J’aurois voulu naître dans un pays où le Souverain & le Peuple ne pussent avoir qu’un seul & même intérêt, afin que tous les mouvemens de la machine ne tendissent jamais qu’au bonheur commun ; ce qui ne pouvant se faire à moins que le Peuple & le souverain ne soient une même personne, il s’ensuit que j’aurois voulu naître sous un Gouvernement Démocratique, sagement tempéré.

J’aurois voulu vivre & mourir libre, c’est-à-dire, tellement soumis aux loix que ni moi ni personne n’en pût secouer l’honorable joug ; ce joug salutaire & doux, que les têtes les plus fieres portent d’autant plus docilement, qu’elles sont faites pour n’en porter aucun autre.

J’aurois donc voulu que personne dans l’Etat n’eût pu se dire au-dessus de la loi, & que personne au-dehors n’en pût imposer que l’Etat fût obligé de reconnoître ; car,