Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/327

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ne sauroit les empêcher sans se déclarer ouvertement infracteur des loix & ennemi de l’État.

L’ouverture de ces assemblées qui n’ont pour objet que le maintien du traité social, doit toujours se faire par deux propositions qu’on ne puisse jamais supprimer, & qui passent separément par les suffrages.

La premiere ; s’il plait au Souverain de conserver la présente forme de Gouvernement.

La seconde ; s’il plait au Peuple d’en laisser l’administration à ceux qui en sont actuellement chargés.

Je suppose ici ce que je crois avoir démontré, savoir qu’il n’y a dans l’État aucune loi fondamentale qui ne se puisse révoquer, non pas même le pacte social ; car si tous les Citoyens s’assembloient pour rompre ce pacte d’un commun accord, on ne peut douter qu’il ne fût très-légitimement rompu. Grotius pense même que chacun peut renoncer à l’État dont il est membre, & reprendre sa liberté naturelle & ses biens en sortant du pays [1]. Or il seroit absurde que tous les Citoyens réunis ne pussent pas ce que peut séparément chacun d’eux.

  1. (f) Bien entendu qu’on ne quite point pour éluder son devoir & se dispenser de servir la patrie au moment qu’elle a besoin de nous. La fuite alors seroit criminelle & punissable ; ce ne seroit plus retraite, mais désertion.