Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/348

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d’abord voter les Centuries selon leur ordre, ce qui auroit toujours fait commencer par la premiere, on en tiroit une au sort, & celle-là [1] procédoit seule à l’élection ; après quoi toutes les Centuries, appellées un autre jour selon leur rang répétoient la même élection & la confirmoit ordinairement. On ôtoit ainsi l’autorité de l’exemple au rang pour la donner au sort selon le principe de la Démocratie.

Il resultoit de cet usage un autre avantage encore ; c’est que les Citoyens de la campagne avoient le tems entre les deux élections de s’informer du mérite du Candidat provisionnellement nommé, afin de ne donner leur voix qu’avec connoissance de cause. Mais sous prétexte de célérité l’on vint à bout d’abolir cet usage, & les deux élections se firent le même jour.

Les Comices par Tribus étoient proprement le Conseil du peuple romain. Ils ne se convoquoient que par les Tribuns ; les Tribuns y étoient élus & y passoient leurs plebiscites. Non seulement le Sénat n’y avoit point de rang, il n’avoit pas même le droit d’y assister, & forcés d’obéir à des loix sur lesquelles ils n’avoient pû vôter, les Sénateurs à cet égard étoient moins libres que les derniers Citoyens. Cette injustice étoit tout-à-fait mal entendue, & suffisoit seule pour invalider les décrets d’un corps où tous ses membres n’étoient pas admis. Quand tous les Patriciens eussent assisté à ces Comices selon le droit qu’ils en avoient comme Citoyens, devenus alors simples

  1. (o) Cette centurie ainsi tirée au sort s’appelloit præ rogativa, à cause qu’elle étoit la premiere à qui l’on demandoit son suffrage, & c’est delà qu’est venu le mot de prérogative.