Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/449

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il faut inventer des jeux des fêtes des solennités qui soient si propres à cette cour-là qu’on ne les retrouve dans aucune autre. Il faut qu’on s’amuse en Pologne plus que dans les autres pays, mais non pas de la même manière. Il faut en un mot renverser un exécrable proverbe, & faire dire à tout Polonois au fond de son cœur : Ubi patria, ibi bene.

Rien s’il se peut d’exclusif pour les grands & les riches ! Beaucoup de spectacles en plein air, où les rangs soient distingués avec soin, mais où tout le peuple prenne part également, comme chez les anciens, & où dans certaines occasions la jeune noblesse fasse preuve de force & d’adresse. Les combats des taureaux n’ont pas peu contribué à maintenir une certaine vigueur chez la nation Espagnole. Ces cirques où s’exerçoit jadis la jeunesse en Pologne devroient être soigneusement rétablis : on en devroit faire pour elle des théâtres d’honneur & d’émulation. Rien ne seroit plus aisé que d’y substituer aux anciens combats des exercices moins cruels, où cependant la force & l’adresse auroient part & où les victorieux auroient de même des honneurs & des récompenses. Le maniement des chevaux est par exemple un exercice très-convenable aux Polonois & très-susceptible de l’éclat du spectacle.

Les héros d’Homère se distinguoient tous par leur force & leur adresse, & par-là montroient aux yeux du peuple qu’ils étoient faits pour lui commander. Les tournois des paladins formoient des hommes non-seulement vaillans & courageux, mais avides d’honneur & de gloire, & propres à toutes les vertus. L’usage des armes à feu rendant ces