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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/459

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qui la rendront, qui la maintiendront heureuse & libre ; arrachant de son sein les passions qui les éludent, elle y nourrira celles qui les font aimer. Enfin se renouvelant pour ainsi dire elle-même, elle reprendra dans ce nouvel âge toute la vigueur d’une nation naissante. Mais sans ces précautions n’attendez rien de vos lois ; quelque sages, quelque prévoyantes qu’elles puissent être, elles seront éludées & vaines ; & vous aurez corrigé quelques abus qui vous blessent, pour en introduire d’autres que vous n’aurez pu prévus. Voilà des préliminaires que j’ai crus indispensables. Jetons maintenant les yeux sur la constitution.

CHAPITRE V.

Vice radical.

Evitons s’il se peut, de nous jetter dès les premiers pas dans des projets chimériques. Quelle entreprise, Messieurs, vous occupe en ce moment ? Celle de réformer le Gouvernement de Pologne, c’est-à-dire, de donner à la constitution d’un grand Royaume la consistance & la vigueur de celle d’une petite République. Avant de travailler l’exécution de ce projet, il faudroit voir d’abord s’il est possible d’y réussir. Grandeur des nations ! Etendue des Etats ! premiere & principale source des malheurs du genre-humain, & sur-tout des calamités sans nombre qui minent & détruisent les peuples policés. Presque tous les petits Etats, Républiques & Monarchies indifféremment,