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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/485

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Il est vrai qu’il faudroit encore une regle pour déterminer la liste des Candidats ; mais cet article aura sa place & ne sera pas oublié.

Reste à parler du Roi, qui préside à la Diete & qui doit être par sa place, le suprême administrateur des Loix.

CHAPITRE VIII.

Du Roi.

C’est un grand mal que le chef d’une nation soit l’ennemi né de la liberté dont il devroit être le défenseur. Ce mal, à mon avis, n’est pas tellement inhérent à cette place qu’on ne pût l’en détacher, ou du moins l’amoindrir considérablement. Il n’y a point de tentation sans espoir. Rendez l’usurpation impossible à vos Rois, vous leur en ôterez la fantaisie, & ils mettront à vous bien gouverner & à vous défendre tous les efforts qu’ils font maintenant pour vous asservir. Les instituteurs de la Pologne, comme l’a remarqué M. le Comte Wiehorski, ont bien songé à ôter aux Rois les moyens de nuire mais non pas celui de corrompre, & les graces dont ils sont les distributeurs leur donnent abondamment ce moyen. La difficulté est qu’en leur ôtant cette distribution l’on paroît leur tout ôter : c’est pourtant ce qu’il ne faut pas faire ; car autant vaudroit n’avoir point de Roi, & je crois impossible à un aussi grand Etat que la Pologne de s’en passer ; c’est-à-dire, d’un chef suprême qui soit à vie.