des Romains, si soigneux, après les grandes calamités de leur République, de combler des témoignages de leur gratitude les étrangers les sujets les esclaves & même jusqu’aux animaux qui durant leurs disgrâces leur a rendu quelques services signalés. O le beau début à mon gré que de donner solennellement la noblesse à ces bourgeois & la franchise à ces paysans, & cela avec toute la pompe & tout l’appareil qui peuvent rendre cette cérémonie auguste touchante & mémorable ! Et ne vous en tenez pas à ce début. Ces hommes ainsi distingués doivent demeurer toujours les enfans de choix de la patrie. Il faut veiller sur eux, les protéger, les aider, les soutenir, fussent-ils même de mauvais sujets. Il faut à tout prix les faire prospérer toute leur vie, afin que par cet exemple mis sous les yeux du public la Pologne montre à l’Europe entiere ce que doit attendre d’elle dans ses succes quiconque osa l’assister dans sa détresse.
Voilà quelque idée grossiere & seulement par forme d’exemple de la maniere dont on peut procéder pour que chacun voye devant lui la route libre pour arriver à tout, que tout tende graduellement en bien servant la patrie aux rangs les plus honorables, & que la vertu puisse ouvrir toutes les portes que la fortune se plaît à fermer.
Mais tout n’est pas fait encore, & la partie de ce projet qui me reste à exposer est sans contredit la plus embarrassante & la plus difficile ; elle offre à surmonter des obstacles contre lesquels la prudence & l’expérience des politiques les plus consommés ont toujour s’échoué. Cependant il me semble qu’en supposant mon projet adopté, avec le moyen très-simple que