Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/57

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l’homme, doit au moins donner à l’une le droit de n’être point maltraitée inutilement par l’autre.

Cette même étude de l’homme originel, de ses vrais besoins, & des principes fondamentaux de ses devoirs, est encore le seul bon moyen qu’on puisse employer pour lever ces foules de difficultés qui se présentent sur l’origine de l’inégalité morale, sur les vrais fondemens du corps politique, sur les droits réciproques de ses membres, & sur mille autres questions semblables, aussi importantes que mal éclaircies.

En considérant la société humaine d’un regard tranquille & désintéressé, elle ne semble montrer d’abord que la violence des hommes puissans & l’oppression des foibles : l’esprit se révolte contre la dureté des uns ; on est porté à déplorer l’aveuglement des autres ; & comme rien n’est moins stable parmi les hommes que ces relations extérieures que le hasard produit plus souvent que la sagesse, & que l’on appelle foiblesse ou puissance, richesse ou pauvreté, les établissemens humains paroissent au premier coup d’œil fondés sur des monceaux de sable mouvant : ce n’est qu’en les examinant de pres, ce n’est qu’apres avoir écarté la poussiere & le sable qui environnent l’édifice, qu’on apperçoit la base inébranlable sur laquelle il est élevé, & qu’on apprend à en respecter les fondemens, Or, sans l’étude sérieuse de l’homme, de ses facultés