Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les artifices des fourbes qui les ont abuses. Mais ceux qui ont d’avance irrévocablement juge l’objet de leur haine, & qui n’en veulent pas démordre, ne voyant en lui que ce qu’ils y veulent voir, tordent & détournent tout au gré de leur passion, &a force de subtilités, donnent aux choses les plus contraires à leurs idées, l’interprétation qui les y peut ramener. Les personnes que vous croyez impartiales ont-elles pris les précautions nécessaires pour surmonter ces illusions ?

Le François.

Mais, M. Rousseau, y pensez-vous, & qu’exigez-vous là du public ? Avez- vous pu croire qu’il examineroit la chose aussi scrupuleusement que vous ?

Rousseau.

Il en eut été dispense sans doute, s’il se fut abstenu d’une décision si cruelle. Mais en prononçant souverainement sur l’honneur & sur la destinée d’un homme, il n’a pu sans crime négliger aucun des moyens essentiels & possibles de s’assurer qu’il prononçoit justement.

Vous méprisez, dites-vous, un homme abject, & ne croirez jamais que les heureux penchans que j’ai cru voir dans J. J. puissent compatir avec des vices aussi bas que ceux dont il est accuse. Je pense exactement comme vous sur cet article ; mais je suis aussi certain que d’aucune vérité qui me soit conque, que cette abjection que vous lui reprochez est de tous les vices le plus éloigne de sort naturel. Bien plus près de l’extrémité contraire, il a trop de hauteur dans l’ame pour pouvoir tendre à l’abjection J. J. est foible sans doute & peu