Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/91

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la le plus bruyant de ses forfaits, c’en seroit surement les plus irrémissible.

Le François.

Ah Monsieur Rousseau, il faut toujours être galant & de quelque façon qu’en use une femme, on ne doit jamais toucher cet article-là !

Je n’ai pas besoin de vous dire que toutes ses lettres sont ouvertes, qu’on retient soigneusement toutes celles dont il pourroit tirer quelque instruction, & qu’on lui en fait écrire de toutes les façons par différentes mains, tant pour fonder ses dispositions par ses réponses, que pour lui supposer dans celles qu’il rebute & qu’on garde des correspondances dont on puisse un jour tirer parti contre lui. On a trouvé l’art de lui faire de Paris une solitude plus affreuse que les cavernes & les bois, ou il ne trouvé au milieu des hommes ni communication ni consolation ni conseil ni lumieres, ni rien de tout ce qui pourroit lui aider à se conduire, un labyrinthe immense ou l’on ne lui laissé appercevoir dans les ténèbres que de fausses routes qui l’égarent de plus en plus. Nul ne l’aborde qui n’ait déjà sa leçon toute faite sûr ce qu’il doit lui dire & sûr le ton qu’il doit prendre en lui parlant. On tient note de tous ceux qui demandent à le voir [1] & on ne le leur permet qu’après avoir reçu à son égard les instructions que j’ai moi-même été charge de vous donner au premier

  1. On a mis pour cela dans la rue un marchand de tableaux tout vis-à-vis de ma porte, & à cette porte qu’on tient fermée un secret, afin que tous ceux qui voudront entrer chez moi soient forces de s’adresser aux voisins qui ont leurs instructions & leurs ordres.