quelquefois. On dit que vous haïſſez le ſéjour des villes ; j’ai cela de commun avec vous ; je voudrois vous reſſembler en tant de choſes, que cette conformité pût vous déterminer à venir nous voir. L’état où je ſuis ne me permet pas de vous en dire davantage. Comptez que de tous ceux qui vous ont lu, perſonne ne vous eſtime plus que moi malgré mes mauvaiſes plaiſanteries, & que de tous ceux qui vous verront, perſonne n’eſt plus dispoſé à vous aimer tendrement. Je commence par ſupprimer toute cérémonie.
LETTRE
À M***.
[1]
Le voilà, Monſieur, ce miſérable radotage que mon amour-propre
humilié vous a fait ſi long-tems attendre, faute de ſentir
qu’un amour-propre beaucoup plus noble devoit m’apprendre
à ſurmonter celui-là. Qu’importe que mon verbiage vous paroiſſe
miſérable, pourvu que je ſois content du ſentiment qui me l’a
dicté. Si-tôt que mon meilleur état m’a rendu quelques forces,
j’en ai profité pour le relire & vous l’envoyer. Si vous avez
le courage d’aller juſqu’au bout, je vous prie après cela de vouloir
bien me le renvoyer, ſans me rien dire de ce que vous en
aurez penſé, & que je comprends de reſte. Je vous salue,
Monſieur, & vous embraſſe de tout mon cœur.
- ↑ (†) Cette Lettre sert d’envoi à celle qui suit.