Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/178

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est dangereuse, puisque les ouvriers qui le travaillent sont sujets à diverses maladies mortelles ou habituelles ; que toutes les menstrues, les graisses, les sels, & l’eau même dissolvent le cuivre, & en sont du verd-de-gris ; que l’étamage le plus exact ne fait que diminuer cette dissolution ; que l’étaim qu’on emploie dans cet étamage, n’est pas lui-même exempt de danger, malgré l’usage indiscret qu’on a fait jusqu’à présent de ce métal, & que ce danger est plus grand ou moindre, selon les différens étaims qu’on emploie, en raison de l’arsenic qui entre dans leur composition, ou du plomb qui entre dans leur alliage ;*

[*Que le plomb dissous soit un poison, les accidens funestes que causent tous les jours les vins falsifiés avec de la litharge, ne le prouvent que trop. Ainsi, pour employer ce métal avec sureté, il est important de bien connoître les dissolvans qui l’attaquent.] que même, en supposant à l’étamage une précaution suffisante, c’est une imprudence impardonnable de faire dépendre la vie & la santé des hommes d’une lame d’étaim très-déliée, qui s’use très -promptement*

[*Il est ailé de démontrer que de quelque maniere qu’on s’y prenne, on ne sauroit, dans les usages des vaisseaux de cuisine, s’assurer pour un seul jour l’étamage le plus solide ; car, comme l’étaim entre en fusion à un degré de feu fort inférieur à celui de la graisse bouillante, toutes les fois qu’un cuisinier fait roussir du beurre, il ne lui est pas possible de garantir de la fusion quelque partie de l’étamage, ni par conséquent le ragoût du contact du cuivre. ] & de l’exactitude des domestiques & des cuisiniers qui rejettent ordinairement les vaisseaux récemment étamés, à cause du mauvais goût que donnent les matieres employées à l’étamage : ils ont fait voir combien d’accidens affreux produits par le cuivre, sont attribués tous les jours à des causes toutes différentes ; ils ont prouvé qu’une multitude de gens périssent, & qu’un plus grand nombre encore sont attaqués