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LETTRE DE M. LE COMTE DE TRESSAN. *

[*Ces lettres furent imprimées à l’insçu de M. Rousseau.]

Toul ce 20 Décembre 1755.

Vous, connoîtrez,, Monsieur, par la lettre du Roi de Pologne que j’envoie à M. d’Alembert, à quel point ce Prince est indigné de l’attentat du fleur Palissot. Il est tout simple, il est bien sûr que vous auriez trop méprisé Palissot, pour être ému par la sottise qu’il vient de faire. Mais le Roi de Pologne mérite d’avoir des serviteurs attachés, & je suis trop jaloux de sa gloire pour n’avoir pas rempli dans cette occasion des devoirs aussi chers à mon cœur.

Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous, Monsieur, mais je suis lié d’une tendre amitié avec vos compatriotes. Je regarde Geneve comme la ville de l’Europe où la jeunesse reçoit la plus excellente éducation. J’ai toujours sous mes ordres beaucoup de, jeunes officiers Genevois. Je n’en vois aucun sortir de sa famille, sans prouver qu’il a des mœurs & de la littérature. Si l’ancienne amitié dont plusieurs de vos amis m’honorent, si l’amour que j’ai pour les sciences & les lettres que vous enrichissez tous les jours, peut m’être un titre auprès de vous, j’aurai bien de l’empressement, Monsieur, à me lier avec vous dans le premier voyage que je ferai à Paris, & je vous prie de recevoir avec plaisir & amitié la haute estime avec la-quelle j’ai l’honneur d’être.

Monsieur, votre &c.