Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/213

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dans leurs Etats. Trouvez bon que je commence par louer en vous un zélé sujet de l’Impératrice & un bon citoyen de la République des Lettres. Sans avoir l’honneur de vous connoître, je dois juger à la serveur qui vous anime que vous vous, acquittez parfaitement vous-même des devoirs que vous imposez aux autres, & que vous exercez à la fois les fonctions d’homme d’Etat au gré de Leurs Majestés, & celles d’Auteur au gré du public.

À l’égard des soins dont vous me chargez, je sais bien, Monsieur, que je ne serois pas le premier Républicain qui auroit encensé le trône, ni le premier ignorant qui chanteroit les arts ; mais je suis si peu propre à remplir dignement vos intentions que mon insuffisance est mon excuse, & je ne sais comment les grands noms que vous citez vous ont laissé songer au mien. Je vois, d’ailleurs, au ton dont la flatterie usa de tout tems avec les Princes vulgaires, que c’est honorer ceux qu’on estime que de les louer sobrement, car on sait que les Princes loués avec le plus d’excès sont rarement ceux qui méritent le mieux de l’être. Or, il ne convient à personne de se mettre sur les rangs avec le projet de faire moins que les autres, sur-tout quand on doit craindre de faire moins bien. Permettez-moi donc de croire qu’il n’y a pas plus de vrai respect pour l’Empereur & l’Impératrice-Reine dans les écrits des Auteurs célebres dont vous me parlez que dans mon silence, & que ce seroit une témérité de le rompre à leur exemple, à moins que d’avoir leurs talens.

Vous me pressez aussi de vous dire si Leurs Majestés Impériales ont bien fait de consacrer de magnifiques établissemens