Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/385

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peut-on terminer plus dignement sa carriere ? Cette exhortation de ma part est intéressée, j’en conviens. Mais si elle offensoit votre gloire, le cœur de votre enfant ne se la permettroit jamais.

J’ai beau vouloir me flatter. Je vois, Mylord, qu’il faut renoncer à vivre auprès de vous, & malheureusement je n’en perdrai pas si facilement le besoin que l’espoir. La circonstance où vous m’avez accueilli, m’a fait une impression que les jours passés avec vous ont rendue ineffaçable ; il me semble que je ne puis plus être libre que sous vos yeux, ni valoir mon prix que dans votre estime. L’imagination du moins me rapprocheroit, si je pouvois vous donner les bons momens qui me restent : mais vous m’avez refusé des Mémoires sur votre illustre frere. Vous avez eu peur que je ne fisse le bel-esprit, & que je ne gâtasse la sublime simplicité du probus vixit, fortis obiit. Ah, Mylord ! fiez-vous à mon cœur ; il saura trouve un ton qui doit plaire au vôtre pour parler de ce qui vous appartient. Oui, je donnerois tout au monde pour que vous voulussiez me fournir des matériaux pour m’occuper de vous, de votre famille ; pour pouvoir transmettre à la postérité quelque témoignage de mon attachement pour vous, & de vos bonté pour moi. Si vous avez la complaisance de m’envoyer quelques mémoires, soyez persuadé que votre confiance ne sera point trompée, d’ailleurs vous serez le juge de mon travail, & comme je n’ai d’autre objet que de satisfaire un besoin qui me tourmente, si j’y parviens, j’aurai fait ce que j’ai voulu. Vous déciderez du reste, & rien ne sera publié que de votre aveu. Pensez à cela, Mylord, je vous conjure, & croyez que vous