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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/463

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Je ne digere point que M. de B*****. suppose que c’est moi qui m’attire sa haine. Eh ! qu’ai-je donc sait pour cela ? Si l’on parle trop de moi, ce n’est pas ma saute : je me passerois d’une célébrité acquise à ce prix. Marquez à M. de B*****. tout ce que votre amitié pour moi vous inspirera, & en attendant que je sois en état de lui écrire, parlez-lui, je vous supplie, de tous les sentimens dont vous me savez pénétré pour lui.

M. Vernes désavoue hautement, & avec horreur, le libelle où j’ai mis son nom. Il m’a écrit là-dessus une lettre honnête ; à laquelle j’ai répondu sur le même ton, offrant de contribuer autant qu’il me seroit possible, à répandre son désaveu. Malgré la certitude où je croyois être que l’ouvrage étoit de lui, certains faits récens me sont soupçonner qu’il pourroit bien être de quelqu’un qui se cache sous son manteau.

Au reste, l’imprimé de Paris s’est très-promptement & très-singuliérement répandu à Geneve. Plusieurs particuliers en ont reçu par la poste des exemplaires sous enveloppe, avec ces seuls mots, écrits d’une main de femme : Lisez, bonnes gens ! Je donnerois tout au monde, pour savoir qui est cette aimable femme qui s’intéresse si vivement à un pauvre opprimé, & qui fait marquer son indignation en termes si brefs & si pleins d’énergie.

J’avois bien prévu, Monsieur, que votre calcul ne seroit pas admissible, & qu’auprès d’un homme que vous aimez, votre cœur seroit déraisonner votre tête en matiere d’intérêt. Nous causerons de cela plus à notre aise, en herborisant cet été ; car, loin de renoncer à nos caravanes, même en supposant le voyage d’Italie, je veux bien tâcher qu’il n’y nuise pas. Au