Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/494

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cœur ami de la vérité, le soin de la démêler entre lui & moi.

Je ne suis point, graces au Ciel, de ces gens qu’on fête & que l’on méprise. J’ai l’honneur d’être de ceux que l’on estime & qu’on chasse. Quand je me réfugiai dans ce pays, je n’y apportai de recommandations pour personne, pas même pour Mylord Maréchal. Je n’ai qu’une recommandation que je porte par-tout, & près de Mylord Maréchal il n’en faut point d’autre. Deux heures après mon arrivée écrivant à S. E. pour l’est informer & me mettre sous sa protection, je vis entrer un homme inconnu qui, s’étant nommé le Pasteur du lieu, me fit des avances de toute espece, & qui, voyant que j’écrivois à Mylord Maréchal, m’offrit d’ajouter de sa main quelques lignes pour me recommander. Je n’acceptai point cette offre ; ma lettre partit, & j’eus j’accueil que peut espérer l’innocence opprimée par-tout où régnera la vertu.

Comme je ne m’attendois pas dans la circonstance à trouver un Pasteur si liant, je contai dès le même jour cette histoire à tout le monde, & entr’autres à M. le Colonel Roguin qui, plein pour moi des bontés les plus tendres, avoir bien voulu m’accompagner jusqu’ici.

Les empressemens de M. de M. continuerent. Je crus devoir en profiter, & voyant approcher la communion de Septembre, je pris le parti de lui écrire pour savoir si, malgré la rumeur publique, je pouvois m’y présenter. Je préférai une lettre à une visite pour éviter les explications verbales qu’il auroit pu vouloir pousser trop loin. C’est même sur quoi je tâchai de le prêvenir : car déclarer que je ne voulois ni désavouer, ni défendre mon livre, c’étoit dire assez que je ne voulois entrer sur ce point