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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/503

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avouer, Monsieur, que je m’en reconnois d’autres encore. Pénétré pour lui de reconnoissance, j’ai cherché toutes les occasions de la lui marquer, tant en public qu’en particulier. Mais je n’ai point fait d’un sentiment si noble un trafic d’intérêt ; l’exemple ne m’a point gagné, je ne lui ai point fait de présens, je ne sais pas acheter les choses saintes. M. de M. vouloir savoir routes mes affaires, connoître tous mes correspondans, diriger, recevoir mon testament, gouverner mon petit ménage : voilà ce que je n’ai point souffert. M. de M. aime à tenir table long-tems ; pour moi c’est un vrai supplice. Rarement il a mangé chez moi, jamais je n’ai mangé chez lui. Enfin j’ai toujours repoussé avec tous les égards & tout le respect possible l’intimité qu’il vouloir établir entre nous. Elle n’est jamais un devoir dès qu’elle ne convient pas à tous deux.

Voilà mes torts, je les confesse sans pouvoir m’en repentir. Ils sont grands si l’on veut, mais ils sont les seuls, & j’atteste quiconque connoît un peu ces contrées si je ne m’y suis pas souvent rendu désagréable aux honnêtes gens par mon zele à louer dans M. de M. ce que j’y trouvois de louable. Le rôle qu’il avoit,joué précédemment le rendoit odieux, & l’on n’aimoit pas à me voir effacer par ma propre histoire celle des maux dont il fut l’auteur.

Cependant quelques mécontentemens secrets qu’il eût contre moi, jamais il n’eût pris pour les faire éclater un moment si mal choisi, si d’autres motifs ne l’eussent porté à resaisir l’occasion fugitive qu’il avoit d’abord laissé échapper. Il voyoit trop combien sa conduite alloit être choquante & contradictoire. Que de combats n’a-t-il pas dû sentir en lui-même avant