Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/621

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Il m’est indifférent, quant à mon sort,, que ce décret soit annullé ou subsiste, puisqu’il ne m’est possible en aucun cas de profiter de mon rétablissement : mais il ne me seroit pourtant pas indifférent, je l’avoue, que ceux qui ont commis la faute, sentissent leur tort, & eussent le courage de le réparer. Je crois qu’en pareil cas j’en mourrois de joie, parce que j’y verrois la fin d’une haine implacable, & que je pourrois de bonne grace me livrer aux sentimens respectueux que mon cœur m’inspire, sans crainte de m’avilir. Tout ce que je puis vous dire a ce sujet, est que si cela arrivoit, ce qu’assurément je n’espere pas, le Conseil seroit content de mes sentimens & de ma conduite, & il connoîtroit bientôt quel immortel honneur il s’est fait. Mais je vous avoue aussi que ce rétablissement ne sauroit me flatter s’il ne vient d’eux-mêmes ; & jamais de mon consentement il ne sera sollicité. Je suis sûr de vos sentimens, les preuves m’en sont inutiles ; mais celles des leurs me toucheroient d’autant plus que j e m’y attends moins. Bref, s’ils sont cette démarche d’eux-mêmes, je ferai mon devoir ; s’ils ne la sont pas, ce ne sera pas la seule injustice dont j’aurai à me consoler ; & je ne veux pas, en tout état de cause, risquer de servir de pierre d’achoppement au plus parfait rétablissement de la concorde.

Voici un mandat sur la veuve Duchesne pour les cent francs que vous avez bien voulu avancer à ma bonne vieille tante. Je vous redois autre chose, mais malheureusement je n’en sais pas le montant.