Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/13

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c’est de savoir quel parti ils en peuvent tirer eux-mêmes en qualité de simples & c’est en effet le point important, puisque si l’on pourvoit venir à bout de faire concourir volontairement chaque individu particulier à ce qu’exige le bien public, ce concours unanime seroit un total plus complet, & sans comparaison plus solide, que tous les réglemens imaginables que pourroient faire les Puissances.

Voilà une vaste carriere ouverte au talent de l’Auteur, & puisque la presse roule & roulera vraisemblablement (quoiqu’il en puisse dire) & toujours plus au service du frivole & de pis encore qu’à celui de la vérité, n’est-il pas juste que chacun qui a de meilleures vues & le talent requis, concoure de sa part à y mettre tout le contrepoids dont il est capable ?

Il est d’ailleurs des cas où l’on est plus comptable au public d’un second écrit qu’on ne l’étoit du premier. Il n’y a pas beaucoup de Lecteurs à l’on puisse appliquer ce proverbe. À bon entendeur demi mot. On ne sauroit mettre dans un trop grand jour des vérités qui heurtent autant de front le goût général, & il importe à la chicane.

Il est aussi bien des Lecteurs qui les goûteront mieux dans un style tout uni, que sous cet habit de cérémonie qu’exigent des Discours Académiques, & l’Auteur, qui paroît dédaigner toute vaine parure, le préférera sans doute, libéré qu’il sera par-là d’une forme gênante.

P. S. On apprend qu’un Académicien d’une des bonnes villes de France, prépare un Discours en réfutation de celui de l’Auteur. Il y fera sans doute entrer un article contre la suppression totale l’Imprimerie, que bien des gens ont trouvé extrêmement outré.

FIN.