Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/76

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économie fatale à ceux qui ne peuvent vivre que du travail de leurs mains ?

Tandis, ajoute l’Auteur, que les commodités de la vie se multiplient, que les Arts se perfectionnent & que le luxe s’étend, le vrai courage s’énerve, les vertus militaires s’évanouissent, & c’est encore l’ouvrage des Sciences & de tous ces Arts qui s’exercent dans l’ombre du cabinet. Ne diroit-on pas, Messieurs, que tous nos soldats sont occupés à cultiver les Sciences & que tous leurs officiers sont des Maupertuis & des Réaumur ? S’est-on apperçu sous les regnes de Louis XIV & de Louis XV que les vertus militaires se soient évanouies ? Si on veut parler des Sciences qui n’ont aucun rapport à la guerre, on ne voit pas ce que les Académies ont de commun avec les troupes ; & s’il s’agit des sciences militaires, peut-on les porter à une trop grande perfection ? À l’égard de l’abondance, on ne l’a jamais vu régner davantage dans les armées Françoises, que durant le cours de leurs victoires. Comment peut-on s’imaginer que des soldats deviendront plus vaillans, parce qu’ils seront mal vêtus & mal nourris ?

M. Rousseau est-il mieux fondé à soutenir que la culture des Sciences est nuisible aux qualités morales ? C’est, dit-il, dès nos premieres années, qu’une, éducation insensée orne notre esprit & corrompt notre jugement. Je vois de toutes parts des établissemens immenses, où l’on élevé à grands frais la jeunesse pour lui apprendre toutes choses, excepté ses devoirs.

Peut-on attaquer de la sorte tant de Corps respectables ;