Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/133

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lui de village en village, & de montagne en montagne, la malheureuse dont il fit mourir la mere, & dont il a exposé les enfans à la porte d’un hôpital, en rejettant les soins qu’une personne charitable vouloit avoir d’eux, & en abjurant tous les sentiments de la nature, comme il dépouille ceux de l’honneur & de la religion. *

[*Je veux faire avec simplicité la déclaration que semble exiger de moi cet article. Jamais aucune maladie de celles dont parle ici l’auteur, ni petite, ni grande, n’a souillé mon corps. Celle dont je suis affligé, n’y a pas le moindre rapport : elle est née avec moi, comme le savent les personnes encore vivantes qui ont pris soin de mon enfance. Cette maladie est connue de Messieurs Malouin, Morand, Thierry, Daran, &du frère Côme. S’il s’y trouve la moindre marque de débauche, je les prie de me confondre, & de me faire honte de ma devise. La personne sage & généralement estimée, qui me soigne dans mes maux & me console dans mes afflictions, n’est malheureuse, que parce qu’elle partage le sort d’un homme sort malheureux ; sa mere est actuellement pleine de vie & en bonne santé malgré sa vieillesse. Je n’ai jamais exposé, ni fait exposer aucun enfant à la porte d’aucun hôpital, ni ailleurs. Une personne qui auroit eu la charité dont on parle, auroit eu celle d’en garder le secret ; & chacun sent que ce n’est pas de Genève, où je n’ai point vécu, & d’où tant d’animosité se répand contre moi, qu’on doit attendre des informations fidelles sur ma conduite. Je n’ajouterai rien sur ce passage, sinon qu’au meurtre près, j’aimerois mieux avoir fait ce dont son auteur m’accuse, que d’en avoir écrit un pareil ]

C’est donc là celui qui ose donner des conseils à nos concitoyens ! (Nous verrons bientôt quels conseils.) C’est donc là celui qui parle des devoirs de la société !

Certes il ne remplit pas ces devoirs, quand, dans le même libelle, trahissant la confiance d’un ami,*

[* Je crois devoir avertir le public que le théologien qui a écrie la lettre dont j’ai donné un extrait, n’est, ni ne fut jamais mon ami ; que je ne l’ai vu qu’une fois en ma vie, & qu’il n’a pas la moindre chose à démêler, ni en bien ni en mal avec les Ministres de Geneve. Cet avertissement m’a paru nécessaire pour prévenir les téméraires applications] il fait imprimer une de ses lettres pour brouiller ensemble trois Pasteurs. C’est ici qu’on peut dire, avec un des premiers hommes de