Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/173

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vous consulter sur la manière dont je dois me conduire en cette occasion, pour ne donner ni surprise au Pasteur que j’honore, ni scandale au troupeau que je voudrois édifier."

"Agréez, Monsieur, je vous supplie, les assurances de tout mon respect."

J. J. ROUSSEAU.

LETTRE DU PROFESSEUR DE MONTMOLLIN, À M. N. N. À GENEVE.

Motiers-Travers, Comté de Neufchâtel, ce 25 Septembre 1762.

MONSIEUR ET TRÈS-HONORÉ FRERE,

Je*

[Je fus obligé dans ce tans-là, d’envoyer la copie de la même lettre en divers lieux pour ma justification, parce que bien des gens, tant politiques qu’ecclésiastiques, trouvoient que j’avois trop étendu ma tolérance. Avant d’envoyer cette lettre, j’eus la précaution de la communiquer à M. Rousseau, afin qu’elle fût l’interprete fidele de ses sentimens. Par un coup de la Providence, j’ai conservé l’original avec les corrections, retranchemens & additions qu’y fit M. Rousseau de sa propre main, ce qui vaut sa signature. J’offre de communiquer l’original à quiconque sera curieux de le voir. Je dois ajouter que quelque tans après, des amis de Geneve de M. Rousseau m’en demanderent des copies. Je m’en fis d’abord quelque peine, dans la crainte que cela ne pût occasionner quelques tracasseries dans la ville. Enfin je me déterminai à les leur envoyer, particulièrement sur un billet de M. Rousseau conçu en ces termes : Rousseau assure Monsieur le Professeur de son respect & lui communique une lettre qu’il vient de recevoir de Geneve. Il n’exige rien de sa bonté & de sa complaisance pour lui, quoiqu’il sente combien la circonstance présente est critique. Il le prie seulement de lui faire dire s’il enverra ou nom la copie qu’on lui demande, afin que de son côté il se conduise en conséquence du parti que prendra Monsieur le Professeur. Ce Lundi matin.] ne suis pas à ignorer les sentimens d’amitié & de bienveillance que vous avez pour moi, dont vous m’avez donné des preuves non équivoques en diverses occasions, & dont je viens de recevoir une nouvelle marque d’autant plus flatteuse pour moi, qu’elle me persuade plus que jamais du vis & tendre intérêt que vous prenez à ce qui me regarde, par l’avis que