Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/176

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qu’il y avoit de la contradiction dans les principes qu’il a posés dans son livre, avec le desir ardent qu’il témoignoit de pouvoir participer à la Ste. Table avec les fideles ; sur quoi il me pria de l’entendre. Il me protesta de nouveau, qu’il étoit dans le fond de son âme chrétien réformé ; qu’il souhaitoit d’en faire tous les actes ; qu’il regardoit comme tout ce qui pourroit lui arriver de plus consolant, que de participer à la Ste. Table, & qu’il attendoit de ma charité pastorale, que je ne lui refuserois pas cette douce consolation. À quoi il ajouta cette raison, pour prouver la sincérité de son desir & de sa demande, c’est que c’étoit évidemment le motif de sa conscience, qui l’engageoit à me faire cette réquisition, puisqu’étant sous la protection du Roi, il pourroit vivre dans ce pays sans qu’il fût astreint à faire des actes extérieurs de la religion ; qu’il desiroit de tout son cœur de trouver Jésus pour son sauveur, lorsqu’il seroit appellé à paroître devant le souverain Juge. Et quant à son EMILE, il me protesta encore, qu’il n’avoit point eu en vue la religion chrétienne réformée, mais qu’il a eu uniquement dans son plan ces trois objets principaux.

Premiérement de combattre l’Eglise Romaine, & sur-tout ce principe qu’elle admet, qu’on ne peut être sauvé hors de l’église, puisqu’un payen, homme de bien, comme un Socrate, qui n’ayant jamais ouï parler de Jésus-Christ ni de l’Evangile, pourroit être sauvé, quoique hors de l’église, & qu’à cette occasion il a exalté la religion naturelle, comme étant le fondement de la révélée, & qu’il a pu dire des choses que l’on a appliquées à la religion chrétienne reformée, mais que ce n’a jamais été son intention.