Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/238

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dessein de changer d’habitation, & que l’Arrêt du premier avril ne lioit les mains à son égard qu’au seul consistoire de Motiers, on pouvoit prendre à l’avance des mesures pour procéder contre lui, aussi-tôt qu’il seroit dans une autre Paroisse. Cet avis que dictoit sans doute l’esprit de modération de tolérance qui caractérise toute la conduite de ce Pasteur, ne fut cependant pas goûté. Malheureusement pour l’orateur, il existoit un nouveau rescript très-énergique par lequel le Roi témoignoit son mécontentement de la conduite inconsidérée de ces esprits remuans qui, échauffés du zele amer d’une piété intolérante, & non contens des mesures prises pour empêcher la publication des ouvrages qui les scandalisoient, vouloient encore sévir contre leur Auteur, & le menaçoient même des peines ecclésiastiques, Sa Majesté déclarant que sa volonté sérieuse étoit que le Conseil assurât d’une maniere complete & bien décidée, les effets de sa protection Royale accordée à M. Rousseau.

Par égard pour la Classe, le Gouvernement vu la teneur de ce rescript, ne le lui avoit pas intimé, mais on en donne connoissance à un des membres de cette compagnie avec une copie qu’il en demanda, sous la condition de ne communiquer cette piece que dans le seul cas où l’affaire de M. Rousseau seroit encore traitée. Or, on sait que le rescript fut lu en Classe, que M. de M * * *. demanda à en tirer copie, ce qui lui sut refusé, & que la compagnie décida qu’il ne seroit plus question de cette affaire de M. Rousseau.

Le narré que je viens de vous faire, Mylord, je le tiens d’un galant homme qui ne craindra point d’être nommé quand