Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui conseillerent : de le faire imprimer, en lui disant que ses accusations contre M. Rousseau étant devenues publiques, les preuves, devoient l’être aussi. Hume ne se rendit pas à ces raisons, & aima in courir le risque d’unjugement injuste, que de se résoudre à un éclat si contraire à son caractere ; mais un nouvel incident a vaincu sa résistance.

M. Rousseau a adressé à un Libraire de Paris une lettre, ou il accuse sans détour M. Hume de s’être ligué avec ses ennemis pour le trahir & le diffamer, & où il le défie hautement defaire imprimer les pieces qu’il a entre les mains. Cette lettrea été communiquée,à Paris, à un très - grand nombre de personnes ; elle a été traduite en Anglois, & la traduction est imprimée dans les papiers de Londres. Une accusation & un défi si publics ne pouvoient rester sans réponse ; & un long silence de lapart de M. Hume auroit été interprété d’une maniere peu favorable pour lui.

D’ailleurs, la nouvelle de ce démêlé s’est répandue dans toutel’Europe, l’on en a porté des jugemens fort divers. Il seroit plus heureux sans doute que toute cette affaire eût été ensevelie dans un profond secret ; mais puisqu’on n’a pu empêcher le public de s’en occuper, il faut du moins qu’il fâche à quoi s’entenir. Les amis de M. Hume se sont réunis pour lui représenter toutes