Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/299

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EXPOSE SUCCINCT DE LA CONTESTATION

Qui s’est élevée entre M. Hume & M. Rousseau.

Ma liaison avec M. Rousseau commença en 1761, lorsqu’il fut décrété de prise de corps, à l’occasion de son Emile, par un Arrêt du Parlement de Paris. J’étois alors à Edimbourg. Une personne de mérite m’écrivit de Paris que M. Rousseau avoit le dessein de passer en Angleterre pour y chercher un asyle, & me demanda mes bons offices pour lui. Comme je supposai que M. Rousseau avoit exécuté cette résolution, j’écrivis à plusieurs de mes amis à Londres, pour leur recommander ce célebre Exilé, & je lui écrivis à lui-même pour l’assurer de mon zele & de mon empressement à le servir. Je l’invitois en même tems à venir à Edimbourg, si ce séjour pouvoit lui convenir, & je lui offrois une retraite dans ma maison, tout le tems qu’il daigneroit la partager avec moi. Je n’avois pas besoin d’autre motif pour être excité à cet acte d’humanité, que l’idée que m’avoit donnée du caractere de M. Rousseau la personne qui me l’avoir recommandé, & la célébrité de son génie, de ses talens, & sur-tout de ses malheurs dont la cause même étoit une raison de plus pour s’intéresser à lui. Voici la réponse que je reçus.