Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/325

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Il n’a tenu qu’à vous de l’avoir depuis long-tems :*

[*M. Rousseau ne m’a assurément jamais donné lieu de lui demander une explication. Si, pendant que nous avons vécu ensemble, il a eu quelques-uns des indignes soupçons dont cette lettre est remplie, il les a tenus bien secrets.] vous n’en voulûtes point alors, je me tus ; vous la voulez aujourd’hui, je vous l’envoie. Elle sera longue, j’en suis fâché ; mais j’ai beaucoup à dire, & je n’y veux pas revenir à deux fois."

"Je ne vis point dans le monde ; j’ignore ce qui s’y passe ; je n’ai point de parti, point d’associé, point d’intrigue ; on ne me dit rien, je ne sais que ce que je sens ; mais comme onme le fait bien sentir, je le sais bien. Le premier soin de ceux qui trament des noirceurs, est de se mettre à couvert des preuves juridiques ; il ne feroit pas bon leur intenter procès. La conviction intérieure admet un autre genre de preuves qui reglent les sentimens d’un honnête homme. Vous saurez sur quoi sont fondés les miens."

"Vous demandez avec beaucoup de confiance qu’on vous nomme votre accusateur. Cet accusateur, Monsieur, est le seul homme au monde qui, déposant contre vous, pouvoitse faire écouter de moi ; c’est vous-même. Je vais me livrer sans réserve & sans crainte à mon caractere ouvert ; ennemi detout artifice, je vous parlerai avec la même franchise quesi vous étiez un autre en qui j’eusse toute la confiance que je n’aiplus en vous. Je vous ferai l’histoire des mouvemens demon ame & de ce qui les a produits, & nommant A. Hume en tierce personne, je vous serai juge vous-même de