Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/379

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heureux de pouvoir publier à haute voix son indignité, & de rendre l’hommage le plus éclatant aux vertus de M. Hume. Est-il possible d’annoncer une plus belle ame ! & quel homme généreux peut n’en être pas touché jusqu’aux larmes ? M. Hume devoit-il, après avoir lu cette lettre, s’abandonner à son ressentiment, & publier sa contestation avec Rousseau en y joignant les notes satiriques & indécentes de ceux qu’il avoit consultés dans cette affaire ?

M. Hume, en réfléchissant sur sa conduite, ne pouvoit se déguiser se qu’il avoit donné lieu aux soupçons de Rousseau. La douceur de son caractere lui avoit fait écouter & voir patiemment ses anciens amis déchirer cruellement son nouvel ami. Il étoit tout naturel à un homme d’un caractere aussi honnête que Rousseau, de soupçonner M. Hume d’être leur complice. Pouvoir-il imaginer qu’on pût être l’ami de ses ennemis qui le traitoient avec tant de noirceur & d’indignité, sans qu’on fût capable de penser comme eux ? Rousseau pouvoit - il se persuader que M. Hume pût souffrir patiemment d’être couvert de ridicule par ses anciens amis, qui tâchoient d’avilir un homme qu’il avoit annoncé avec tant d’empressement comme son ami intime, & digne de la plus grande considération ? Cependant j’ai peine à croire M. Hume coupable de trahison, & il paroît qu’il restoit encore des doutes à Rousseau là-dessus, malgré ses certitudes & ses convictions ; la fin de sa lettre en est une preuve. Mais M. Hume auroit au moins à se reprocher trop de foiblesse, il sentoit bien que son refroidissement avoir autorisé les soupçons de Rousseau, & l’avoir obligé à une rupture ouverte. Il sentoit bien aussi qu’on pouvoit