Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/435

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le seroit bien davantage si elle n’indiquoit pas un Ecrivain, qui se livre avec trop de précipitation à des bruits populaires : qui, pour remplir une feuille périodique*

[*On achetoit l’histoire de M. Hume en détail, par deux & trois feuilles, qui faisoient un Numéro.] à certain prix, se hâte d’y insérer, sur la foi du premier venu, ce que le second avec preuve en main peut démentir.

Une telle conduite dénote toujours un homme bien plus avide de gain que de réputation : d’où l’on pourrroit conclure que si M. Hume se fût autant appliqué à chercher la vérité, ainsi que ses apologistes veulent le faire croire, qu’elle ne lui eût point échappé, sur-tout dans la circonstance dont je viens de parler.

L’on peut repliquer à ce que je viens de dire, qu’un Ecrivain gagé par un libraire, est souvent forcé, pour retirer le fruit de ses veilles, de remplir sa feuille à la volonté de celui qui le paye. M. Hume seroit-il réduit à cette fâcheuse extrémité ? Il en est plus à plaindre & moins coupable, j’en conviens : mais cette situation laisse toujours soupçonner une vénalité qui fixe l’appât du gain de l’Ecrivain obligé de subsister par ses talens. J’en ai connu plus d’un qui auroient été charmés de trouver quelque ressource auxiliaire dans la plume d’un habille homme, réduit à la fâcheuse nécessité de labourer à bon marché. Non, je ne prête pas encore cette intention à M. Hume, vis-à-vis de J. J. Rousseau ; c’est une idée passagere : peut-être aurai-je occasion d’y revenir, & pourrai justifier dans la suite que si je n’ai pas rencontré juste, au moins me suis-je pas fort éloigné du but.