Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/552

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Voilà, je crois, tout ce que M. Hume pouvoir penser en fixant son compagnon de voyage. En êtes-vous bien sûr, me direz-vous ? pas tout-à-fait, parce que si l’historien Anglois convenoit que j’ai deviné juste, il se rendroit coupable de la plus grande folie, en ce qu’il n’est pas dans la nature, d’intenter un procès à un fou, à moins que l’on ne soit de vingt-quatre carats plus insensé que lui.

Comment se peut-il, M. le Rapporteur, que vous ne vous soyez pas apperçu que le beau morceau de la longue épître de Rousseau, & dont vous admirez le touchant & le pathétique, n’est autre chose que le témoignage de la foiblesse d’esprit de celui qui l’a composé.

Dites-moi, est-ce le langage du Philosophe ? que signifient ces paroles vous me tenez par l’opinion, par les jugemens des hommes ? Que lui importe cette bonne ou mauvaise opinion lorsque ses mœurs, sa conduite & sa conscience n’ont rien à lui reprocher ? Que veut dire de plus vous me tenez par ma réputation ? n’est-ce pas une répétition de la phrase précédente ? Qu’entend le bon J. J. Rousseau lorsqu’il dit, vous me tenez par ma sureté. Ne diroit-on pas qu’il appréhende d’être enlevé en Angleterre pour être conduit dans les prisons de Geneve ! Est-ce au milieu d’une province de la Grande-Bretagne, environné de gens d’honneur & de probité que l’on peut s’exprimer ainsi, ou avoir une pareille frayeur ? Que veut dire ce grand Philosophe, s’imaginant reprocher à M. Hume sa trahison, lorsqu’il dit, je prévois la suite de tout cela, sur-tout dans le pays où vous m’avez conduit, & où, sans amis, & étranger à tout le monde, je suis presque