Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/562

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Plus on réfléchit sur la modération avec laquelle M. d’Alembert s’explique sur le compte de J. J. Rousseau, plus j’entrevois de folie & d’erreur dans les rêveries de celui-ci, qui, de propos délibéré, se crée des ennemis qui n’ont jamais pensé à lui que pour le plaindre & le secourir. Ce ne sont point le fruit des leçons de la philosophie, qui sont errer l’Auteur, d’Emile ; ce sont les accès de la maladie dont il n’est que trop attaqué. À la suite d’une-multitude de rêves, les soupçons le réveillent & le poursuivent encore jusques dans les bras du sommeil il couche avec eux ; boit & mange avec eux ; il se promene en les accueillant ; comment pourroit-il s’en passer lorsqu’il écrit sur les affaires qui le concernent ?

On lui apprend que Mylord Littleton possede une copie correcte d’une piece satirique, composée contre lui par Voltaire ; aussi-tôt il s’écrie : qu’ai-je fait à Mylord Littleton ! pourquoi est-il mon ennemi ? je ne le connois pas !

M. Rousseau par ses lectures, & même parce qu’il avoit pu remarquer depuis son arrivée en Angleterre, devoir sans doute remarquer déjà informé, que même l’homme le plus opulent & le plus accrédité étoit exposé de même qu’un étranger, à se voir, censurer ou plaisanter dans les papiers publics ; mais que d’ailleurs l’honneur & la réputation des personnes n’y étoient jamais compromis, & qu’ainsi toutes les pasquinades qui auroient pu se faire sur ses singularités, n’auroient jamais eu pour objet que de le corriger de ses ridicules.

Je serois assez porté à croire que peut-être M. Hume auroit pu se laisser emporter par cette derniere idée ; il faut pourtant convenir, si cela est, qu’il dérogeoit entiérement au titre d’ami