Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/570

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Les deux lettres sont dans les archives du Conseil de Geneve.

Cependant, M. Rousseau retiré dans les délicieuses vallées de Moutiers-Travers, ou Motiers-Travers, au comté de Neufchâtel, n’ayant pas eu depuis tin grand nombre d’années le plaisir de communier sous les deux especes, demanda instamment au Prédicant de Moutiers-Travers, homme d’un esprit fin & délicat, la consolation d’être admis à la sainte Table ; il lui dit que son intention étoit, 1° de combattre l’Eglise Romaine ; 2° de s’élever contre l’Ouvrage infernal de I’Esprit, qui établit évidemment le matérialisme ; 3° de foudroyer les nouveaux philosophes vains & présomptueux. Il écrivit & signa cette déclaration, & elle est encore entre les mains de M. de Montmollin Prédicant de Moutiers-Travers & de Boveresse.

Dès qu’il eut communié, il se sentit le cœur dilaté ; il s’attendrit jusqu’aux larmes. Il le dit au moins dans sa lettre du 8 août 1765.

Il se brouilla bientôt avec le Prédicant & les prêchés de Moutiers-Travers & de Boveresse. Les petits garçons & les petites filles lui jetterent des pierres ; il s’ensuit sur les terres de Berne ; & ne voulant plus être lapidé, il supplia Messieurs de Berne de vouloir bien avoir la bonté de le faire enfermer le reste de ses jours dans quelqu’un de leurs châteaux, ou tel autre lieu de leur Etat qu’il leur sembleroit bon de choisir. Sa lettre est du 20 octobre 1765.

Depuis Madame la comtesse de Pimbèche, à qui l’on conseilloit de se faire lier ; je ne crois pas qu’il soit venu dans l’esprit de personne de faire une pareille requête. Messieurs de Berne aimerent mieux le chasser que de se charger de son logement.